Sur le chantier de la pénétrante autoroutière de Béjaïa
La pénétrante qui reliera la ville de Béjaïa à l’autoroute Est-ouest sera terminée pour la date symbolique du 1er novembre 2016, assure Ould Salah Zitouni, wali de Bejaïa.
Le projet qui permettra de sortir la région de son isolement devrait être livré en deux étapes. Un premier tronçon de 50 kilomètres allant d’Ahnif où s’effectuera la jonction avec l’autoroute Est-Ouest, dans la wilaya de Bouira, à Akbou (60 km à l’Ouest de Béjaïa) sera livré au 20 août 2016. La deuxième tranche reliant le port de Béjaïa à Akbou devrait être réceptionnée en septembre pour une ouverture au mois de novembre. Un délai qui devrait intervenir avant décembre 2016, la date butoir pour livrer le projet, initialement évoquée par les responsables locaux.
« Les expropriations sont en voie d’achèvement »
Longue de 100 kilomètres, cette pénétrante se composera de huit échangeurs, situés à environ 30 kilomètres les uns des autres. Un tunnel, qui en est à 30% d’achèvement et 71 ouvrages d’art (ponts et viaducs) sont également en cours de construction. Si l’inauguration avait eu lieu en avril 2013, les travaux, opérés par le groupement sino-algérien CCRC-SAPTA ont officiellement débuté en décembre de la même année.
L’avancement du projet a connu de nombreux obstacles, à commencer par l’opposition d’une partie de la population. « Un travail de sensibilisation a dû être effectué », nous explique Nacer Tabet, chef de projet à la Direction des Travaux publics. « Maintenant, les gens comprennent son importance », indique ce dernier en louant le travail des associations locales qui ont organisé des rencontres avec les citoyens et communiqué largement sur le sujet. Il faut dire que le chantier de la pénétrante autoroutière a entraîné de nombreuses expropriations sur 16 communes différentes et le montant des indemnisations était souvent contesté.
Aujourd’hui, les expropriations sont en voie d’achèvement, nous dit-on. « Nous avons dégagé des solutions pour que les indemnisations se fassent le plus rapidement possible. Maintenant, les paiements se font à partir de la trésorerie de Bejaïa, directement vers la Poste concernée », explique le wali. Selon Nacer Tabet, ce sont « près de 13 milliards de dinars » qui ont été débloqués par le Trésor public pour plus de 4 000 familles concernées.
La vallée de la Soummam, un couloir encombré
Cette pénétrante, dont le coût s’élève à 101 milliards de dinars, rencontre également une contrainte particulière liée aux nombreux réseaux de gestion qui sont implantés sur le même tracé.
« La vallée de la Soummam est le seul couloir, donc tous les réseaux transitent par là. Les lignes électriques de haute, moyenne et basse tension, tous les réseaux d’assainissements qui ont leur rejet vers la Soummam, l’ensemble des réseaux d’AEP, les conduites de gaz… », détaille le chef de projet. « On est obligé de tout déplacer pour les faire sortir de la pénétrante ». Pour la déviation ou la surélévation des nombreuses lignes électriques, les riverains dont les terrains seront survolés, ont été difficiles à convaincre.
Le tronçon de 12 kilomètres entre Oued Ghir et Béjaïa constitue également un terrain difficile et nécessite des travaux spécifiques. « Le sol est mauvais. Jusqu’à 60 mètres de profondeur, c’est de la vase. Nous avons effectué une étude et des simulations pour éviter tout risque à l’avenir », poursuit Nacer Tabet.
Actuellement, 1 700 Chinois et 3 000 Algériens travaillent sans interruption sur le chantier de la pénétrante, mais le chiffre de 12 000 travailleurs locaux n’a pas été atteint faute d’ouvriers qualifiés disponibles. « On importe beaucoup de main-d’œuvre de Bordj Bou Arreridj, de Sétif, un peu partout mais ça manque », déplore le chef de projet.
Désenclaver la région pour attirer les investisseurs
Dans la région, la population est à bout de nerf. Les routes nationales sont encombrées et truffées de ralentisseurs. La chaussée de la RN 26, qui relie Alger à Béjaïa en passant par Akbou, est boursouflée et perd en rigidité. Sur cet axe, « le volume est pratiquement de 35 000 à 40 000 véhicules par jour dont près de 40% de poids lourd », indique l’ingénieur. Selon lui, toutes les Routes nationales bénéficieront de la pénétrante. La livraison de cette dernière va soulager la Route nationale n°9, qui relie Béjaïa à Sétif. Les poids lourds qui l’empruntent pourront utiliser la pénétrante autoroutière pour rejoindre l’autoroute Est-Ouest et les villes de l’Est du pays, notamment Sétif, Bordj Bou Arreridj, M’sila, Batna, Constantine…
Mais la RN9 nécessite des travaux de dédoublement notamment entre Souk El Tenine et la limite administrative entre Béjaïa et Sétif. Concernant cette route, le wali Ould Salah Zitouni précise que « les travaux sont en cours » pour « la réalisation de nouveaux tunnels sur les gorges de Kherrata ».
Reportage de TSA.