Tin Hinan, la reine des Touaregs, reste toujours un sujet mystérieux et non élucidé. En effet, en 1925, à Abalessa, ancienne capitale du Hoggar, des archéologues ont découvert un caveau où se trouvait un squelette de femme bien conservé, ainsi qu’un mobilier funéraire, des bijoux en or et en argent et des pièces de monnaie à l’effigie de l’empereur romain Constantin. Ils définirent cette tombe, datée du IVe ou du Ve siècle, comme étant celle de Tin Hinan, l’ancêtre des Touaregs. La découverte a fait rêver bien des chercheurs et des écrivains.

Tin Hinan est le nom que des traditions orales donnent à l’ancêtre originelle des touaregs nobles du Hoggar. Il s’agit d’une femme de légende que l’on connait aujourd’hui à travers la tradition orale touarègue qui la décrit comme « une femme irrésistiblement belle, grande, au visage sans défaut, au teint clair, aux yeux immenses et ardents, au nez fin, l’ensemble évoquant à la fois la beauté et l’autorité». Son nom veut dire, en tamachek, « celle qui se déplace » ou « celle qui vient de loin ».

Originaire de la tribu des berabers, Tin Hinan serait venue dans le Hoggar, en Algérie, en compagnie de sa servante Takamat (ou Takama) laquelle est, pour sa part, donnée comme la mère des Touaregs plébéiens du Hoggar. D’autres légendes donnent, cependant, une autre version de l’origine des touaregs du Hoggar : elles les font tous descendre d’une femme unique nommée Lemtoûna. Alors que d’autres groupes touaregs donnent encore d’autres noms à celles dont ils font leurs ancêtres respectives.Tombeau de Tin Hinan à Abalessa (Tamanrasset)

Toujours selon la légende, la noble Tin Hinan, qui fût la reine des touaregs, et sa servante Takamat auraient donné naissance, la première, à la tribu des Kel Rela, et la seconde à deux filles respectivement ancêtres des Ihadhanaren et des deux tribus Dag Rali et Aït Loaien.

De récentes fouilles archéologiques ont été entamées sur le site du tombeau afin de « percer »le mystère de Tin Hinan, avons-nous constaté sur place, alors que les dernières ont été faites en…1933. Ces recherches, menées conjointement par le Centre national de recherche archéologique (CNRA), et l’Office national du parc culturel de l’Ahaggar (ONPCA), entrent dans le cadre de la « reconstitution de ce site et sa valorisation» comme nous l’a expliqué le directeur du CNRA, présent également sur le site. « Jusqu’à présent, nous avons trouvé des fragments d’os et de bois ainsi que des débris de poterie et d’œufs d’autruche » a t-il ajouté.

Nous avons également remarqué qu’il y’avait des gravures d’animaux et des inscriptions en « Tifinagh » (alphabet touareg) sur de nombreuses pierres et pans de murs. Est-ce que cela confirmerait la thèse selon laquelle Tin Hinan serait la mère de ce langage ?

Ce monument bâti en pierres qui comprend onze chambres et dans lequel il a été retrouvé treize tombes aurait d’abord servi d’habitation, puis de tombeau funéraire dédié à Tin Hinan avec l’aménagement d’un déambulatoire, ce qui sacralise la personne, et enfin la désacralisation du lieu puisque a retrouvé ce même déambulatoire obstrué.

Toutes les hypothèses et suppositions sont donc ouvertes et laissent une grande place à l’imagination pour ce patrimoine culturel.

Et c’est ainsi que la légende de Tin Hinan se perpétue et se perpétuera, surement, durant de longs siècles encore…

 

Tin Hinan, Reine des Touaregs : légende ou réalité?

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