L'INSURRECTION SE MET EN PLACE RAPIDEMENT, AZIZ À LA TÊTE DE MILLIERS D'HOMMES OCCUPE LE TERRAIN.
FACE À UN ENNEMI PUISSAMMENT ARMÉ ET EN NOMBRE NETTEMENT SUPÉRIEUR, IL OPTE POUR UN HARCÈLEMENT DES TROUPES FRANÇAISES, TOUT EN VEILLANT À PROPAGER L'INSURRECTION AUX AUTRES RÉGIONS[1].
(Il faut rendre à l’évidence que durant cette insurrection la population des Ath waghlis s’est levée pour être aux côtés de Chikh Aziz et riposter contre l’extension considérable du territoire par le colonialisme qui s’ajoute à la désorganisation sociale de la tribu ).
Aziz et son frère aîné M'hamed réussissent à persuader leur père de participer à l'insurrection de 1871, initiée par le bachaga El Mokrani contre l'occupant français. Une fois l'alliance avec les El Mokrani scellée, le 8 avril 1871 au marché de M'cisna de Seddouk, Mohand Améziane lance son appel au djihad. Cet appel fut bien accepté par la population et une bonne partie de la Kabylie s'est jointe à cette guerre sainte. Le prestige et la renommée du père y sont pour beaucoup, son âge avancé et ses obligations religieuses ne lui permettant pas de prendre la tête de la guerre, Aziz avait
Donc toutes les qualités requises pour assurer le leadership de ce soulèvement.
C'était un homme politique respecté, cultivé, profondément religieux et surtout un grand chef de guerre. Et c'est tout naturellement qu'on lui confia la tête du soulèvement de cette partie de la Kabylie.
AZIZ BEN CHEIKH EL HADDAD LE CHEF DE GUERRE
Cette période de l'histoire de l'Algérie a été peu prolifique en écrits. Durant cette période, la France subissait l'humiliation de la défaite et de l'occupation d'une partie de son territoire par la Prusse, une instabilité gouvernementale chronique et pire, les événements graves de la Commune de Paris, une guerre civile sanglante qui fit des milliers de morts et de déportés. Compte tenu de l'importance de ces événements, les historiens ne se sont pas beaucoup intéressés à l'histoire du début de la colonisation française de l'Algérie. L’histoire a été principalement écrite par les vainqueurs, à savoir les militaires. Elle ne pouvait être neutre. Le commandant Rinn, qui a lui-même participé à cette guerre, a laissé beaucoup d'écrits à ce sujet. Un grand nombre de nos historiens se sont inspirés de ces écrits, les ont analysés et dans certains cas rétabli des vérités historiques.
L'insurrection se met en place rapidement, Aziz à la tête de milliers d'hommes occupe le terrain. Face à un ennemi puissamment armé et en nombre nettement supérieur, il opte pour un harcèlement des troupes françaises, tout en veillant à propager l'insurrection aux autres régions. Son rayon d'action couvre la vallée de la Soummam, les Babors et
Jusqu’à la région sétifienne. Avec pour seule arme sa foi islamique, il ne réussit pas à convaincre les grandes familles acquises à la cause française et il n'a pas, non plus, pu fournir l'armement nécessaire à ses combattants. Devant le nombre élevé de troupes françaises engagées dans cette répression, les tribus kabyles finirent pas déposer les armes une à une. Aziz n'avait pas d'autre choix que de se rendre avec les honneurs au
Général Lallemand à Aït Hichem le 30 juin 1871.
JUGEMENT ET DÉPORTATION EN NOUVELLE-CALÉDONIE


Quant à ceux que l'on retient loin de leur patrie, le cœur de leurs proches meurt d'angoisse pour eux, à cause de la longueur de leur séparation. On finit par les croire morts, car on ne peut s'occuper autant des absents que de ceux qui sont présents. Or, en l'année 1871, combien de gens se trouvaient en prison ou en gage entre les mains du gouvernement pour faits de révolte s'étant produits dans les années antérieures, dont les tribus, les parents et les frères semblaient ne pas
s'occuper ? Et qui sait, si le plus grand nombre de tribus insurgées dans l'année 1871 ne se composait pas de parents et de gens détenus en prison, qui se seraient révoltés contre le gouvernement avec réflexion exclusivement à tous les autres, parce que leur cœur était déchiré de ce que leurs frères étaient en prison ou avaient été mis à mort. Et alors même que la prison eut été au loin, les tribus de ces gens détenus en France, ont peut-être été les premières à se lancer dans la révolte contre le gouvernement dans l'espoir de délivrer leurs frères, leurs proches et leurs fils.» En nouvelle- Calédonie, leur terre d'asile, ils côtoieront les déportés français condamnés suite aux événements de la Commune de Paris et qui seront leurs compagnons d'infortune pendant de longues années.

Sitôt libérés, quelques-uns de ces ex déportés français prendront leur défense afin de les faire profiter des mêmes lois d'amnistie qui leur ont permis de recouvrer leur liberté. Les plus connus sont Louise Michel, une des grandes figures des événements de la commune de Paris et le célèbre journaliste et homme politique Henri Rochefort dont une rue à proximité de notre Ambassade à Paris porte le nom.
EVASION ET MORT D’AZIZ BEN CHEIKH EL HADDAD.

Les anciens déportés communards se cotiseront pour rapatrier son corps en Algérie. Il sera enterré à côté de son défunt père dans le cimetière de Constantine et non dans celui de Sidi Mabrouk comme mentionné dans la plupart des articles publiés à ce sujet en Algérie et à l'étranger. En guise de conclusion, je voudrais rendre hommage à Boualem Bessaïh pour sa contribution à l'écriture de l'histoire algérienne et en particulier celle de l'épopée de l'Emir Abdelkader et celle du Cheikh Bouamama. Dans une présentation d'un de ses livres, il écrit notamment : «Si la lecture de ce message pourra parvenir à la jeunesse de mon pays, que le jeune âge ou la naissance tardive ont privé du combat pour l'indépendance, mon ambition sera comblée.»
R. S.
[1] Source Gaid Mouloud
Les ath waghlis en grand nombre ont pris part à cette insurection.